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Pouvoirs publics Les médecins s'estiment tenus à l'écart du dispositif anti-grippe aviaire.

Médecins libéraux et hospitaliers dénoncent d'une voix de plus en plus forte le manque de moyens et de concertation de la part des pouvoirs publics dans la préparation du plan national de lutte contre une éventuelle pandémie de grippe d'origine aviaire.

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L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pourtant attribué un bon point à la France, notamment pour avoir anticipé dès 2004 la constitution de stocks d'antiviraux. Devant les parlementaires, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a assuré, mercredi, que la France aurait "en 2007, 33 millions de traitements antiviraux" en Tamiflu et Relenza. Il reconnaît toutefois jeudi, dans France Soir, qu'il y a eu des "flottements" lors des exercices de simulation réalisés sur le terrain et que les médecins, doivent être "davantage formés", bien qu'ils soient "motivés et impliqués". "Nous avons encore des efforts à faire", admet-il.

Au moment où les cas d'infection humaine par le virus H5N1 se multiplient en Turquie, la grogne monte chez les professionnels de santé qui dénoncent de trop faibles ressources financières dévolues à ce plan national en France et une absence de concertation. La dernière critique est venue de médecins libéraux d'Ile-de-France: l'Union régionale des médecins libéraux (URML) a regretté que leurs "multiples demandes à être associés à la préparation du pays face à la menace d'une pandémie grippale n'aient pas été entendues". L'URML affirme avoir communiqué, le 2 janvier, "aux services de l'Etat" une note traitant de l'information des médecins et des patients, de la formation des praticiens, de la distribution des moyens de protection et des conditions de maintien à domicile des malades. Ces médecins n'ont, à ce jour, "accusé aucun retour". "Alors que le temps presse, les fonctionnaires font preuve d'une inertie alarmante", s'indigne l'URML.

La journée du 18 janvier, où sont prévus plusieurs colloques consacrés à la place des praticiens dans ce plan national, suscite également la colère des médecins, qui n'ont pas été "associés en amont" à son organisation. Dans un courier adressé à M. Bertrand, Michel Chassang, le président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux, se dit "particulièrement interpellé, et même choqué, de constater l'absence totale dans les tables rondes de représentants des professionnels de santé libéraux". Sans cacher sa "surprise et sa désapprobation", le Dr Chassang prévient que les médecins libéraux "risquent de se sentir exclus dans la réflexion et la mise en place d'une réponse efficace face à cette éventuelle pandémie". La question des moyens financiers alimente également le mécontentement. Le syndicat de généralistes MG France, qui organise des "formations de proximité sous l'intitulé: +Grippe aviaire et pandémie: que savoir, que dire à vos patients, que faire dès maintenant?+", réclame au gouvernement "les moyens économiques nécessaires à l'information des praticiens".

Du côté des hôpitaux, qui se retrouveraient en première ligne en cas d'apparition d'une épidémie, des doutes sont également apparus. Selon l'urgentiste Patrick Pelloux, "il y a des plans de catastrophe prévus, mais les moyens alloués à l'hôpital ne permettraient pas de les mettre en place". "Le gouvernement ne prend pas de mesures et se contente souvent de dire +allez aux urgences+", accuse-t-il.

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